L’accumulation de mariages renvoie à la surconsommation dans notre société et énonce une critique de l’institution, du poids des conventions sociales. Mais c’est aussi un moyen pour démystifier cet acte symboliquement très chargé et le rendre banal. La répétition entraîne l’annulation et permet l’affranchissement.
Avec cette performance de « Mariages », j’offre aussi aux participants une expérience. Le consentement mutuel dure cinq minutes mais il est toujours vécu de façon réelle. Ce n’est pas un geste parodique mais une sincérité de cinq minutes. Le rituel que je construis permet de créer un rhizome, de s’inventer une grande famille. Cela, sans notion de possession : nous sommes toujours libres. Je veux me marier avec des personnes quel que soit leur sexe, leur identité, leur orientation sexuelle. Après chaque mariage, je me fais photographier avec chacune de mes femmes et chacun de mes maris, et la photographie est ensuite placée dans un cadre doré de style ancien. Ce choix, tout comme la robe de mariée achetée chez Tati (la robe de mariée de tout le monde), participe d’une esthétique kitsch que je revendique : l’esthétique populaire par opposition au high art. Au MAC/VAL, les photographies étaient prises dans le jardin au bord de l’étang et le temps de marche entre l’autel et le lieu de la photographie devenait un moment privilégié pour établir un lien, un moment d’intimité pendant lequel je discutais avec les participants. Donc, un espace de contact, de rencontre. J’ai aujourd’hui plus de deux cents maris et femmes. Avec cette série de Micro-événements que je mène depuis déjà dix ans, je tente de redéfinir et de transformer ce pacte social archaïque pour moi mais aujourd’hui encore l’objet de tant de polémiques.